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Peace Home, India - Newsletter n°1 🇮🇳

  • Photo du rédacteur: Juliette Roux
    Juliette Roux
  • 22 sept. 2018
  • 6 min de lecture

Les Missions Étrangères de Paris m’ont envoyée pour six mois en Inde avec une co-volontaire : Félicité. En ce début de mission, je me lance dans la retranscription de mon rapport d’étonnement sur ce pays à travers ce que j’ai pu en voir à Peace Home et à travers mes quelques excursions à la ville la plus proche.

Bienvenue dans le pays où les vaches ne sont pas destinées à devenir des steaks mais où elles sont vénérées et traversent les routes à leur guise, et bienvenue, plus précisément, dans l’une des régions les plus verdoyantes de l’Inde, j’ai nommé le Kerala ! Le Kerala est un état côtier du sud-ouest du pays qui longe la mer des Laquedives sur 900 kilomètres. La pêche est donc l’une des ressources principales de cet état (autant vous dire qu’il m’arrive de manger du poisson) !

Ici, on roule à gauche et on roule… dangereusement, les moyens de transport les plus courants sont la moto, le rickshaw et le vélo, le Klaxon ne sert pas à prévenir d’un danger imminent mais simplement à avertir de sa présence, il n’y a que de rares panneaux de circulation, et les feux tricolores sont parfois respectés. On regarde les blondes comme si c’étaient des licornes, on dodeline de la tête pour dire oui, ou pour dire non, ou pour les deux je ne sais toujours pas, on ne parle qu’en criant, on rote fort à table, on mange avec la main droite (juste la main droite j’entends, pas de couvert), on aime le bruit, le riz et le curry (On aime vraiment le curry. Au point d’en consommer au petit-déjeuner. Avec du riz. Du riz en galette, du riz en gâteau, du riz rond, du riz long grain, l’eau de cuisson du riz, de la poudre de riz, des boulettes de riz, du riz au lait de coco, du riz soufflé et j’en passe). Et pour le dessert ? Un fruit ! Quels fruits ? Non non non, pas « quelS » mais « quel » ! On ne mange que des bananes. Crues ou bouillies, mais que des bananes.

Ici, les hommes et les femmes sont séparés pour les repas et on n’appelle pas une personne plus âgée que soi par son prénom mais sahēādaran (tché-tan) si c’est un homme et sahēādari (tché-tsi) si c’est une femme, ce qui fait que l’une des premières questions lorsqu’on rencontre quelqu’un concerne généralement l’âge. Il est très fréquent de voir deux amies se tenir par la main dans la rue, on témoigne son amitié en donnant des claques et des gratouilles dans le dos.

Ici, il y a un curé par paroisse, quinze séminaristes par promotion pour le diocèse, des boutiques qui vendent des statues géantes du Christ ou de la Vierge tous les 500 mètres. On respecte infiniment les prêtres qui prennent d’ailleurs leurs repas à une table séparée des autres hommes, les prêtres portent des soutanes blanches, on enlève ses chaussures avant d’entrer dans une église et les femmes recouvrent leurs cheveux d’un voile.

Ici, il fait 30°C le jour et 24°C la nuit, il ne pleut jamais (sauf pendant la mousson, mais ce n’est plus la saison), le taux d’humidité est assez élevé et la végétation luxuriante fait rêver !Palmiers, bananiers et des fleurs oranges et rouges partout.

Mais ici, on jette aussi les bouteilles en plastique par la fenêtre du car quand on souhaite s’en débarrasser et on fait le tri sélectif pour ensuite tout brûler dans son jardin bien que des affichettes réparties dans la maison rappellent « God created the Earth, let’s preserve it together » (comprendre « le Seigneur a créé la terre, ensemble préservons là »).

Ici, les femmes s’affolent dès qu’elles voient quelque chose ressemblant à de l’or, elles sont coquettes et portent le saris différemment du reste de l’Inde. Elles commentent chacune des tenues que je porte. Il en va de même pour les sœurs : ayant fait voeu de pauvreté, elles reportent leur goût pour les belles soieries et les bijoux sur les volontaires qu’elles tentent de vêtir à partir des dons de vêtements faits à Peace Home. D’ailleurs, je ne porte plus que des kamiz (tunique) et churidar (pantalon).

Ici, l’anglais est parlé avec un accent à couper au couteau et pour comprendre ce qu’on me dit, j’ai souvent du mal. Et j’ai aussi du mal avec le malayalam et l’hindi, mais ça, il semblerait que certaines femmes aidant au dortoir ne l’ai pas vraiment compris puisqu’il leurs arrive de me répéter les ordres en me criant dessus (moyen de communication normal en Inde comme je le disais plus haut) sans pour autant que je comprenne davantage. Il faut aussi savoir qu’ici on ne demande pas les choses avec la politesse française : pas de s’il te plait, pas de merci. Mais on s’y fait assez vite !

Voilà assez de premières impressions pour cette newsletters ! Je vous conterai d’autres sujets d’étonnement dans les suivantes.

Mon emploi du temps quotidien

Je vais maintenant tenter de brièvement résumer une journée type à Pope John Paul Peace Home, maison accueillant des hommes, des femmes et des enfants en situation de handicap depuis 1986 grâce au travail des sœurs servantes de Notre Dame.

Ici, donc, la journée commence à 5h30 par la messe. Qu’on soit dans la chapelle ou non, on y assiste forcément puisqu’elle est diffusée sur haut-parleurs dans toute la maison. Et la kurbana (messe) syro-malabare chantée par les sœurs, aussi pleine de louange et de prière soit-elle, sonne à mes oreilles comme un concerto de violon joué avec les dents. Les sœurs m’ont d’ailleurs demandé il y a peu si j’arrivais à me reposer la nuit et j’ai répondu que les pleurs des enfants et les aboiements du chien me réveillaient souvent. Je n’ai pas osé avouer que, tous les matins, elles me tenaient en éveil pendant une heure avec leur psalmodie en malayalam.

Après cela vient le petit-déjeuner suivi de la prière du matin au cours de laquelle, Félicité et moi, chantons la gloire de Dieu en français pour tous les résidents (sur haut-parleurs évidemment). Puis nous nous séparons : Félicité travaille au dortoir des enfants et moi chez les femmes. Le duty du matin est assez physique. Il faut donner les petits-déjeuners aux malades qui sont allongés, à l’indienne (avec les doigts) après avoir bien écrasé l’ensemble pour qu’ils n’aient plus qu’à avaler. Pareil pour le thé, versé d’une traite dans leur bouche. Je puis vous assurer que les premières fois, c’est assez violent à voir. Après la vaisselle, il faut balayer le dortoir et les chambres attenantes. Balayer avec un balai indien. C’est un balais sans manche. Il n’y a que les poils. Puis il faut passer la serpillère, nettoyer et essorer le linge dans la turbine centrifugeuse qu’on arrête en mettant les mains dedans, étendre le linge encore humide sur les fils à linge et disposer celui qui y séchait sur le sol de la cours. Il faut alors remplir les bouteilles des malades. Avec de l’eau du robinet. De l’eau chaude du robinet… Je fais tout cela avec d’autres femmes qui travaillent ici tandis que les sœurs donnent les douches. Vers 10h30, c’est l’heure de la pause ചായ (chaaya) pour Félicité et moi. À savoir : les indiens boivent du thé toute la journée. Et le duty du midi commence à 11h30 : déjeuner, vaisselle et pliage du linge. C’est ensuite à notre tour de déjeuner.

Le chaaya de l’après-midi a lieu à 15h30. Il est généralement accompagné de petit gâteaux secs, écrasés et mélangés dans un grand plat avec du thé pour faire une pâte qui est ensuite distribuée au malades. Félicité et à moi avons le droit à des boulettes de riz au cumin et à la coco comme accompagnement pour le chaaya. Avant le duty suivant, nous nous rendons au dortoir des hommes pour chanter et discuter avec eux.

À 17h30, il faut donner le dîner. C’est généralement après ce service que je prends quelques instants pour m’asseoir et parler avec certaines femmes : elles commentent mes vêtements et mes bijoux et m’apprennent des rudiments de malayalam. Nous courrons ensuite à l’adoration, seul moment de silence de la journée où nous pouvons rester en contemplation devant le Saint Sacrement. Très vite, le bruit revient avec les chants sans harmonie et nous retournons dans notre chambre pour finir les lessives ou écrire des lettres tandis que les sœurs prient le chapelet que nous pouvons tout de même suivre (bien que nous n’y comprenions rien) puisqu’il est lui aussi diffusé sur haut-parleurs.

L’heure du dîner sonne pour nous. C’est le moment de réciter les mots appris plus tôt dans la soirée et d’en apprendre quelques autres. Nous remontons dans notre chambre pour prier ensemble et se coucher avant de recommencer une journée bien remplie le lendemain !

Peace Home est une maison dans laquelle l’Esprit Saint est présent, pas uniquement dans la chapelle, mais dans chaque pièce, sur chaque visage, dans chaque sourire. L’amour de Dieu emplit cette maison dans laquelle ceux qui sont rejetés par la société trouvent un foyer et qu’il est bon de pouvoir en être le témoin !


 
 
 

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